La navigation, même aux Antilles où la mer est généralement calme, nécessite le respect de certaines règles essentielles.
Premièrement ce sont des règles de savoir-vivre car nous sommes tous « dans le même bateau ». Ensuite ce sont des règles de sécurité obligatoires, car un bateau reste un moyen de transport et de loisir naviguant dans les éléments. Enfin, ce sont des consignes de respect et de protection de son environnement, car les Antilles comme partout dans le monde sont quotidiennement menacées par l’empreinte humaine.
Je navigue régulièrement aux Antilles car j’ai la chance d’être la fille du skipper du Ti Prens. J’ai donc voulu vous livrer ici toutes les bonnes astuces qui vont vous permettre de transformer votre expérience de croisière en moments inoubliables….
Idée reçue n°1 : Je vais avoir le mal de mer ! VRAI-FAUX
Nous sommes tous inégaux devant le mal de mer. Moi, personnellement, je suis un cas très particulier de grande malade en mer. Jusqu’à présent j’ai toujours été plus malade que les autres (Non je n’ai pas trouvé mon maître). Et oui ça ne m’empêche pas de remonter sur le Ti Prens dès que je peux.
Donc la première chose que je vous dirais c’est « Le mal de mer n’est pas la fin du monde ». En dehors de vos prédispositions personnelles à être malade, sachez que 90% des gens malades en mer aux Antilles le sont pour de mauvaises raisons. Retenez ce qui va suivre :
Il y a trois facteurs qui peuvent causer le mal de mer : le Froid, la Frousse, et la FAIM – Retenez les 3F-. Je vous détaille plus bas quelques règles pour gérer ce facteur qui en stresse plus d’un.
Idée reçue n°2 : En Guadeloupe pas besoin de prévoir des vêtements chauds. FAUX
Alors oui inutile d’amener votre complet Damar et vos après-ski, mais un coupe vent et un sweat ou vêtement chaud c’est le minimum. Le temps est capricieux !
Le principe du climat tropical c’est qu’il y pleut presque tous les jours. Quelques secondes ou quelques minutes avant de retrouver un beau soleil, mais le temps est changeant et en mer il fait vite frisquet. Vous ne voudriez pas quand même passer le reste de votre séjour à éternuer… De plus je vous l’ai dit plus haut le froid est un des fameux 3F, qui auront raison de votre estomac.
Personnellement, je prévois toujours un k-way (dont vous aurez aussi grandement besoin si vous comptez faire de la randonnée sur Basse-Terre), un sweat, et un pantalon long/jogging. Je ne m’en sers même pas une fois sur deux… mais je vous assure que le confort n’a pas de prix à bord d’un bateau.
Idée reçue n°3 : On est mieux à l’intérieur du bateau. FAUX
Hélas non… c’est dix fois pire que d’être à l’arrière d’un bus en montagne en contre-sens tout en faisant le poirier.
Attention soyez-prêts à prendre la meilleure place : la barre à roue. Alors oui voilà celui qui barre (ou conduit) le bateau c’est mon père et pas question de vous asseoir au poste de pilotage et prendre sa place. Par chance vous êtes dans un catamaran vous avez donc deux postes de pilotage. Soyez malin, installez vous là et restez-y. Et ne touchez pas la barre par contre au risque d’avoir un regard très désapprobateur du capitaine !
Ensuite personnellement quand je suis pas au mieux, je m’allonge dans le carré extérieur (banquette extérieur du bateau) et je dors… dormir, comme en voiture, va aider votre oreille interne à se réguler et trouver le bon équilibre, seul responsable du mal de mer.
Si vous avez besoin de quelque chose à l’intérieur sachez que cela peut vous coûter votre confort de navigation.
Demandez : le capitaine et son hôtesse sont là pour rendre votre navigation confortable.
Idée reçue n°4 : Le naufrage (oui vraiment…). FAUX
Bien sûr, comme en avion ou en train personne ne va vous garantir le risque 0, ne serait-ce que par superstition. Cependant, histoire de rassurer tout le monde on va en parler. D’une part, en mer les hauts-fonds, les obstacles sont signalés, donc si vous tapez un haut-fond c’est que vous l’avez un peu cherché.
En cas de tempêtes, ne vous inquiétez pas vous resterez chez vous ! Vous ne sortirez qu’en cas de météo favorable. Cela à l’inconvénient de potentiellement mettre du bazar dans votre planning de vacances, mais votre sécurité est une priorité. Le Capitaine, vous appellera avant pour vous informer des conditions et confirmer ou non la sortie en mer. C’est aussi ça l’avantage de faire appel à un professionnel chevronné qui connait aussi depuis plus de 15 ans les eaux et le climat local.
Idée reçue n°5 : Il faut être connaisseur pour aller sur un voilier. FAUX
Archi-faux ! En revanche il faut être connaisseur pour piloter un voilier, oui bien sûr. Mais à bord du Ti Prens il vous sera pas demandé de manœuvrer, ni de vous enrôler ! Vous êtes des passagers, la seule chose qu’on demande c’est de respecter les règles qui suivent. Vous pouvez monter à bord, même si vous n’avez jamais mis le pied sur le moindre bateau gonflable !
Une règle pour vous : le capitaine est le seul maître à bord, et ses consignes font loi sur le bateau. (ambiance !)
Sans rire, ce qui peut passer pour de l’autoritarisme est en fait une règle essentielle à respecter pour des raisons de sécurité. Il faut voir cela un peu comme si le skipper était votre guide en randonnée. La navigation ce n’est pas du pédalo. Par exemple : un homme à la mer est une chose grave ! On ne manœuvre pas un bateau de ce genre comme on gare sa smart. De plus, il y a des cordages, des surfaces glissantes, du mouvement permanent, des tas de petites choses qui n’attendent qu’une maladresse pour vous rappeler que vous n’êtes pas grand chose dans ce bas monde. Un peu, comme quand votre table vous attrape « volontairement » et violemment votre gros orteil.
Il n’y a pas de danger à bord tant que vous respectez les consignes du Capitaine & Skipper qui garantit le bon déroulement de votre navigation. Donc si il dit par exemple qu’il faut rester dans le carré, c’est pour des raisons de sécurité.
Ensuite, tout au long de la navigation, sachez que vous pouvez poser toutes les questions que vous voulez. Concernant la sécurité il n’y a jamais de questions bêtes et concernant votre intérêt naissant pour la voile idem. Votre capitaine sera toujours ravi de répondre à vos questions. Notez quand même que parfois la navigation demande de la concentration et des prises de décision rapides. Donc il y a un temps pour discuter et se détendre et un temps pour être à l’écoute, en voici quelque uns :
Les manœuvres. Monter la voile, affaler la voile, dérouler ou enrouler le génois… sont tout autant de manœuvres complexes qui demande au Skipper de pouvoir se déplacer rapidement sur le bateau, ainsi que de la concentration. Souvent il vous demandera à ces moments de ne pas vous déplacer et vous mettre dans des espaces « non gênants » comme le carré extérieur.
La « vigie » casiers. Ça c’est une spécialité des Antilles !! Ici on pèche beaucoup avec un « casier » qui est coulé dans le fond marin et relié à la surface avec une corde. Au bout de cette corde flotte au choix : une boule de pêche, une bouteille de soda, un objet flottant indéterminé. Evidemment le jeu est d’éviter les dits casiers qui pourraient se prendre dans les hélices…
Par chance Capitaine Jean-marc a 15 à chaque œil donc il les repère généralement bien avant tout le monde! Cependant, un petit coup de main de votre part ne sera pas de refus (à conditions de savoir estimer les distances et l’angle d’approche). La voile peut masquer une partie du plan d’eau ou certaines manœuvres occuper ses yeux ailleurs.
En cas de météo capricieuse, ou conditions un peu fortes. Ce genre de condition n’empêchement pas la navigation mais elles sont moins confortables que le calme plat et nécessites plus de concentration et de vigilance car le bateau est davantage en mouvement. Il arrive aussi que dans un calme plat global, un nuage de pluie se décide à croiser votre route, élevant ainsi la force du vent et amenant généralement aussi un peu de pluie…
Votre Skipper et Capitaine assure avec beaucoup d’expérience votre sécurité à bord. Les sorties sont annulées en cas de mauvais temps, ou de mauvaises conditions. Si vous prenez la mer c’est que le temps s’y prête pleinement. Dans tous les cas soyez prudent mais pas anxieux : La frousse, je rappelle, fait parti des 3F qui causent le mal de mer. Justement parlons en !
Parce que ça fait quand même parti des aléas de la navigation, autant crever l’abcès et en parler. Comme je vous le disais plus haut je parle en connaissance de cause et cela ne m’a jamais gâché mes séjours en mer, ni même passé l’envie de remonter à bord. Donc le maître mot est : « pas de panique » encore une fois j’ai vu des personnes être vraiment bien au départ et tomber malade, parce que frousse subite, parce qu’on se croit fort et on va à l’intérieur, parce qu’on craint d’être malade en mangeant…. bref. Il faut ingérer et imprimer les 3F. Ensuite j’ai beau manger en continue, me couvrir et n’avoir aucune crainte… ça ne résout pas tout, mais encore une fois je suis un cas vraiment a part.
Top 10 du parfait moussaillon malade :
La Guadeloupe, comme tous les endroits sur cette planète, est un écosystème fragile. Dans les Antilles tout le monde veut vivre dans une carte postale, et les gens sont de plus en plus nombreux sur les sites qui répondent à cette attente. Pas mal de dégâts ont été faits et pas seulement par les vacanciers. La première chose à avoir en tête c’est donc le respect des lieux que vous visitez. On ne touche pas, on ne déplace pas, on ne salit pas. Ce sont des règles extrêmement simples mais mon père aura tout le loisir de vous expliquer à quel point on trouve trop régulièrement des personnes inaptes à comprendre ces fondements.
Je vous donne un exemple : jeter dans la mer les restes de nourriture. En pleine mer, tout ce qui est biodégradable va assez vite faire le bonheur des poissons… au mouillage en revanche, les plongeurs qui regardent les fonds marins non loin de votre bateau apprécieront de ne pas croiser une carcasse de poulet rôti ! Ils apprécieront aussi de ne pas laisser penser aux gros poissons environnants que tout ce qui « tombe » du bateau est comestible… Oui pensez à cette faune sous marine, visualisez ce moment où vous trempez vos pieds dans l’eau, et ce barracuda pourtant inoffensif qui attend sagement la suite de votre poulet… voilà là vous y êtes. Voilà comment des accidents arrivent. Des barracudas, par exemple, vous en croiserez, vous les éviterez, eux aussi et tout se passera bien. Mais donnez lui des habitudes de ce genre… et il pourrait vous en mordre les doigts.
Pour résumer : en Guadeloupe il n’y a pas de danger à plonger, nous n’avons pas de problèmes de prédateurs offensifs, sur terre comme sous la mer. Mais nous savons tous que l’activité humaine peut perturber un écosystème au point de modifier cette sécurité fragile. Pensez-y et respecter votre environnement.
Un bateau n’est pas une maison avec d’épaisses parois de 15cm, donc c’est un peu comme vivre en caravane, les espaces sont confortables mais étroits. Marcher sur le pont réveillera facilement ceux qui se reposent dans les cabines juste en dessous. Il faut penser à garder un équilibre entre la fête, le repos, le jeu, la détente de façon à ce que tout le monde puisse passer de bonnes vacances.
L’eau n’est pas une denrée illimitée. Ni l’électricité il donc falloir vivre un peu plus à la « rude » que dans votre maison ! Oubliez le sèche cheveux en somme… et soyez économes. Les ouvertures de frigo doivent être rapides et réfléchies… les douches ne doivent pas durer des heures. Votre Capitaine vous rappellera surement ces quelques règles importantes.
L’expérience d’une croisière en mer est une chose unique, celle que vous allez vivre sur un catamaran comme le Ti Prens est vraiment exceptionnelle car contrairement à une croisière sur un paquebot, ou même une traversée sur un bateau à moteur, vous allez être en immersion avec les éléments, l’eau, le vent, la terre. Pour moi c’est une sensation incomparable quand on coupe les moteurs et qu’il n’y a plus que l’air qui fait chanter les voiles et le bateau… Ce sont des moments privilégiés de grande qualité qu’il faut préserver. J’espère à travers cet article vous avoir donné toutes les consignes nécessaires pour que arriviez à faire de votre croisière une moment d’exception.